Jean-Claude Guillaume, agriculteur-rassembleur « LE GOÛT DES AUTRES »
Très impliqué dans son territoire de l'ouest lyonnais, Jean-Claude Guillaume monte sur les planches pour parler de son métier.
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C'est un avis largement partagé : l'irremplaçable président du contrôle laitier du Rhône (Spel) a un coeur gros comme ça ! « C'est un fédérateur, disent de lui ses techniciens. Il essaie toujours d'arranger au mieux les choses. » Ouvert aux autres, l'éleveur de Soucieu-en-Jarrest s'implique dans de nombreuses structures professionnelles et dans la vie de son territoire, dont la sauvegarde est l'une de ses préoccupations.
COMMUNICATION En 2003, il a ainsi contribué au lancement de « La fête de la vache » à Mornant. « Dans cette zone de plaine en déprise, où plus de la moitié des producteurs avaient arrêté le lait en dix ans, nous voulions créer une occasion de rencontre conviviale entre les éleveurs. » À l'issue de ce comice professionnel, les organisateurs ont ressenti le besoin de parler de leur métier aux non-agricoles, très nombreux dans cette deuxième couronne lyonnaise. « Grâce à l'agriculture très diversifiée, le territoire y est agréable et entretenu, note Jean-Claude. Mais il y a des contraintes : odeurs, bruits... Ce sont des composantes du métier qu'il faut expliquer. »
Pour communiquer, l'idée du théâtre s'est imposée. Deux ans après, la troupe « Tant qu'il y aura des vaches » était constituée et la première pièce jouée. Intitulée Le Quart d'Heure bovin, elle présentait la vie d'une vache en huit tableaux. Ce fut une grande réussite. Depuis, tous les deux ans, un nouveau spectacle est écrit avec l'aide du metteur en scène, Bruno Miara : La Vache de trois (2007), Un conte de la voie lactée (2009), Et Dieu créa la vache (2011). EXPLICATIONS Dans la dernière pièce créée l'an passé Les Champs modernes, Jean-Claude est le propriétaire de la vache Amélie. Il y incarne un paysan consciencieux et généreux qui doit faire preuve de pédagogie pour expliquer sa vie à un couple de bobos lyonnais. Des explications de vocabulaire sont parfois nécessaires : « Je ne fais pas déprimer mes vaches, mais mes prés, explique Roger qui, un peu plus tard, souligne qu'il y a « les trayeurs et les traders ». Le rôle va comme un gant à ce comédien amateur qui note que « depuis que nous montons sur les planches, les relations avec nos voisins urbains ont évolué ».
ÉCHANGES La compagnie est aussi un lieu riche d'échanges. « La plupart des onze interprètes sont issus de l'agriculture. Mais certains ont d'autres professions. Les liens créés en jouant ensemble permettent de faire tomber bien des a priori. La troupe aide à partager les moments difficiles de la vie. »
Associé du Gaec familial du Marjon, Jean-Claude est aussi un éleveur reconnu. En 2013, il a eu la joie de voir l'une de ses prim'holsteins, Elixir, sacrée grande championne du top 100 à Réalmont (Tarn-et-Garonne), puis couronnée grande championne du Sommet de l'élevage de Cournon (Puy-de-Dôme). Outre ses indéniables qualités laitières, cette sacrée vache est docile. Son éleveur, modeste, estime que « la vie l'a gâté ». Peut-être n'est-ce tout simplement qu'un juste retour des choses.
ANNE BRÉHIER
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